Il n’y a ni mort, ni peur, Thich Nhat Hanh, 2002

IL N’Y A NI MORT NI PEUR

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THICH NHAT HAN Pocket Spiritualité, 2002

Le terme CREATION signifie « partir de rien et obtenir quelque chose »,  je préfère le terme « MANIFESTATION ».  Comprendre la Création en terme de manifestation de quelque chose qui a toujours été là, avec un changement de forme. Une cause ne suffit pas pour créer un effet: Le jardinier n’est qu’une cause parmi d’autres, de la manifestation d’une fleur. La cause peut aussi être un effet : le jardinier s’est manifesté en raison d’autres causes : ses ancêtres, ses père, mère, frères, sœurs… Il n’y a pas de cause pure :

« Ceci est parce que cela est »

disait Bouddha, c’est à dire tout dépend de tout le reste pour se manifester. Une multitude d’éléments « non-fleur » contribuent à la manifestation de la fleur. Les Enseignements du Bouddha sont les trois sceaux du Dharma : L’Impermanence,  Le Non Soi,  Le Nirvana.

IMPERMANENCE :
tout change, rien n’est identique d’un moment à l’autre. La vision de l’impermanence nous aide à dépasser les concepts de l’identique, et différent, du aller et venir.  Comme toutes les choses « inter-sont », sont reliées entre elles, elles ne cessent de s’influencer mutuellement.

LE NON SOI :
est une manifestation de l’impermanence. Comme tout change, il en va de même pour le soi. Le soi ne peut pas être permanent, séparé. Parler du « soi » comme une notion toujours identique, qui ne change pas est impossible, puisque le corps, les émotions, les perceptions, la colère, la tristesse l’amour, la haine….sont impermanentes. Rien ne peut exister par soi-même. Toute chose dépend des autres choses, c’est « l’inter être »Nature-Soleil-476398Le papier « inter-est » avec le soleil, la forêt, la pluie, le vent…. Le papier est entièrement fait d’éléments non-papier. 

« Inter-être signifie être vide d’une identité séparée, vide d’un soi séparé.

 Le « non-soi » signifie la vacuité, c’est à dire l’absence d’un soi séparé. Le Nirvana dépasse tous ces concepts.

LE NIRVANA :
Le Bouddhisme ne transmet pas des règles « musclées, mais transmet canstock6615037des clefs qui peuvent ouvrir des portes.  L’impermanence est une idée juste, mais être prisonnier de cette idée empêche d’atteindre le Nirvana. Il en va de même pour le « non-soi », c’est une clef, mais ce n’est pas la vérité absolue.

« Mes enseignements sont un doigt

qui montre la lune.

 Ne vous enfermez pas dans la pensée que le doigt est la lune.

 C’est grâce au doigt que vous voyez la lune. »(Bouddha)

Notre peur est nourrie par huit concepts de base, les notions de naissance/mort, être/non être, aller/venir, identique/différent.  Pour contrer ces huit notions, il y a  l’enseignement des huit négations :  la non-naissance/la non-mort,ni être/ni non être, sans venir/ni partir, non-identique/non-différent.  Le bonheur n’est possible que dans l’ici est le maintenant.

  • ANIMATTA : c’est l’enseignement sur l’absence de signes, sur la forme extérieure ou l’apparence des choses. Pratiquer l’absence de signe permet de ne pas se laisse induire en erreur, par la forme extérieur. L’apparence n’est pas la totalité de la réalité.
  • Quand le nuage se transforme en pluie, si on regarde profondément la pluie, on voit des parcelles de nuage sous une autre forme. Les nuages sont dans la pluie, « inter-sont ». Il n’y a pas de Naissance et pas de Création, mais des MANIFESTATIONS.
  • Si les conditions sont réunies, (bois, souffle, surface dure, main), alors il y a manifestation (la flamme de l’allumette apparaît). Si les conditions ne sont pas réunies, les manifestations se feront sous d’autres formes dans d’autres conditions. La réalité, c’est l’Ainsité, c’est à dire, « c’est comme ça« . Le « Sans-venir » et « sans -partir » est la vraie nature de la réalité. Flamme_48
  • Deux flammes sont-elles identiques? Elles ne sont ni identiques ni différentes, à chaque instant elle est unique.  L’instant suivant elle se manifeste autrement. Une seule cause ne suffit pas pour aider quelque chose à se manifester, les conditions sont multiples.
  •  Si les conditions sont suffisantes, il y a manifestation,
  • S’il y a absence de conditions nécessaires, alors il n’y a pas manifestation.

 

  •  La feuille de papier existait avant sous forme d’arbre, de pluie, de soleil, avant de venir une feuille de papier, cet état est un moment de sa continuation, elle ne vient pas de rien. Toucher le papier, c’est toucher le soleil, le vent les branches. Pratiquer le regard profond permet de voir tout ça. Une manifestation contient tout ça.
    Il n’y a ni naissance, ni mort, pour la feuille de papier et aussi pour l’homme.
  • La naissance est un moment de continuation. Naître ce n’est pas devenir quelqu’un à partir de rien. Il est impossible de venir et de partir vers RIEN. S’il n’y avait pas de naissances et de morts, à chaque instant, nous ne pourrions pas continuer à vivre.
  • A chaque instant, de nombreuses cellules de notre corps doivent mourir pour faire la place à d’autres. Toutes les sensations, perceptions, formations mentales présentes dans la rivière de notre conscience naissent et meurent à chaque instant.

 La vérité est que vous n’êtes pas permanents mais que vous ne serez pas anéanti non plus.

 Vous ne cessez de renaître à chaque instant du passé, tous vos ancêtres continuent en vous et quand vous transformez les énergies d’habitude qu’ils vous ont transmises, vous êtes né à  nouveau dans le passé.

  • Pourquoi ne pas accepter nos ancêtres biologiques ou spirituels, ils sont là, font partie de notre corps et de nos âmes. L’acceptation inconditionnelle est la première étape vers le pardon. Pour accepter les autres comme ils sont, il faut d’abord s’accepter soi-même.
  • Je reconnais et j’accepte les côtés positifs et négatifs en moi. Pratiquer la vision consciente, inspirer et expirer, visualisez vos ancêtre avec le positif et le négatif, accepter tout.
  • Ils ont des graines positives et négatives, certaines ont été arrosées en vous, d’autres non. Nier vos ancêtres, c’est vous nier vous-même. Visualiser ses ancêtres, c’est facile, vous êtes eux, vous êtes leur continuation.

TOUCHER LA TERRE, c’est se concentrer sur le non-soi, l’impermanence et l’interdépendance. Cette concentration juste permet d’accéder à la compréhension.

  • Toucher la terre, c’est se relier à ses ancêtres et les accepter comme je m’accepte moi, avec mes graines positives et négatives. A moi d’arroser mes graines positives. Affronter sa peur avec le sourire. Avoir peur de la vieillesse, de la maladie, de la mort….c’est humain.
  • Chaque fois que votre peur se manifeste, reconnaissez-là, souriez-lui, elle perdra un peu de sa force quand elle retournera dans les profondeurs de la conscience, elle devient une graine plus petite.
  •  Toucher la Terre, c’est accepter, pardonner, affronter sa peur dans une dimension verticale, temporelle, sur une ligne horizontale, l’espace.
  •  Dans une ligne verticale, nous sommes ancrés dans le présent, nos ancêtres sont au-dessus de nous dans le passé, et nos descendants, sont en-dessous, dans le futur.
  • Avec la dimension horizontale, nous prenons conscience de la nature autour de nous, et, en nous, les nuagesnuage2 (nous avons 70% d’eau en nous), les arbres (pour respirer, ils sont nos poumons)…
  •  La dimension circulaire est la troisième dimension, le troisième Toucher de Terre. C’est le cercle autour de la ligne verticale du temps, et la ligne horizontale de l’espace.
  • Le premier Toucher de Terre libère du temps.
  • Le second Toucher de Terre libère de l’espace.
  • Le troisième Toucher de Terre libère du corps : je ne suis pas mon corps, je suis plus que ça, je n’ai pas de limite.
  • Ma durée de vie est celle de la feuille, sans limite. Mon corps n’est pas séparé des autres formes de vie de l’espace et du temps. Il n’y a pas de séparation. La nature de notre réalité est la nature de la non-naissance et de la non-mort, ni identique, ni différent.
  • Se détacher de ces notions, c’est comprendre l’Ainsité : la réalité est telle qu’elle est.  On ne peut rien dire, rien décrire. Le Nirvana, c’est se libérer de toutes ces notions, concepts. 
  • La mort est une manifestation qui disparaît pour faire place à d’autres manifestations. Il n’y a ni partir, ni venir, ce ne sont que des idées.

 Il n’y a ni mort, ni peur, seulement une continuation.