Quel Bouddhisme pour l’Occident? Fabrice MIDAL 2006

QUEL BOUDDHISME

POUR L’OCCIDENT ?

fabrice-midal-3-90f21

Fabrice Midal, Seuil, 2006

Bouddha est né il y a 2500 ans en Inde, puis, « exporté » vers la Chine, dénommé CHAN, puis, il y a 700 ans, au Japon, il devient Zen. Maintenant, le voilà arrivé en Occident, d’où la nécessité de mettre en place un « Zen » pour l’Occident. 

« SVP…savourez la vie ! »

Bouddhisme est une tradition spirituelle non théiste, car, il y a un refus d’un Dieu personnel, qui dit personne dit individu et interdépendance. Le bouddhisme n’est pas agnostique = sans savoir, sans connaissance directe, sans gnoses, refus d’affirmer quoi que ce soit. Le bouddhisme est gnostique, c’est la recherche de soi par l’expérience directe.

  • De l’attachement naît la peine. De l’attachement naît la crainte.
  • Qui s’est libéré de l’attachement ignore la peine. D’où lui vient la peine ?? Penser que la douleur doit disparaître et alors, ce sera le bonheur….est une croyance erronée.
  • La douleur ne s’en va jamais et nous ne serons jamais heureux. C’est la vérité de la souffrance, passer outre cette expérience fondamentale consiste à se condamner à une confusion totale.
  • Partir vers une quête éperdue du bonheur est vain. Oser regarder notre situation en face, s’y aménager un espace de liberté et de transmutation.
  • Tout maîtriser, tout contrôler, c’est le jeu de l’égo…il faut s’en débarrasser :

 Tout le bonheur du monde Vient des pensées altruistes.

Mais tout son malheur Vient de la recherche de son propre bien !

  •  La compassion n’est pas une construction, elle est reconnue, elle existe mais est recouverte par notre égocentrisme. Si l’approche spirituelle est fondée sur l’enrichissement de l’égo, le processus est suicidaire, non créateur. Zen, c’est vivre au cœur de l’incertitude, les koans sont là pour épuiser l’esprit à la recherche constante de la sécurité.
  • Il n’existe pas un seul bouddhisme homogène, mais une somme de bouddhismes singuliers. Le bouddhisme tibétain serait une synthèse des divers bouddhismes. En disant que l’égo est « le petit Moi possessif et limité qu’il faut détruire », on renforce le nihilisme de l’Occident et la perte d’amour et de confiance par rapport à notre propre expérience.
  • Mieux vaut voir l’égo comme une paire de chaussures, à user, à utiliser à fond, pour ne pas le ménager, et encore moins le conserver. On n’essaie pas de s’en défaire, mais on n’essaie pas non plus de le maintenir !!
  • Le bouddhisme, c’est construire un radeau, pour traverser, passer vers l’autre rive, puis, abandonner ce radeau inutile.
  • Le centre cérébral de la respiration est situé à la base du cerveau (bulbe rachidien), il est sensible à toutes les molécules (neuropeptides) qui sont échangées en permanence entre le cerveau émotionnel et tous les organes du corps, le système immunitaire inclus. respiration_inspirer_par_nez

En se branchant sur la respiration, on s’approche de la pulsation des fonctions corporelles vitales et on les connecte avec la pensée. La médiation, c’est l’ouverture à tout ce qui est, c’est la dissolution de Moi, dans le développement de l’attention.  C’est l’épreuve la plus radicale de l’altérité.

 « Développer un esprit aussi vaste que l’espace, où les expériences agréables et désagréables peuvent apparaître et disparaitre, sans conflit, sans lutte, sans douleur. Demeurer dans un esprit vaste comme le ciel, où il n’y a ni intérieur, ni eMéditation-285x300xtérieur. »

La méditation, c’est l’acte de liberté constant, on n’a ni attente, ni objectif, ni but, ni intention. INCONDITIONNEL. Le bouddhisme ne créé pas des qualités, il nous aide à mûrir celles qui existent déjà en nous…c’est ça le sens de la Médiation.

 « L’homme veut peut-être penser, et ne le peut pourtant pas.

 En fin de compte, il veut trop, dans cette volonté de penser, et c’est pourquoi il peut trop peu…

 Ce qui donne le plus à penser…est que nous ne pensons pas encore »

(Martin Heidegger, « qu’appelle-ton penser ? »)

 Ceci nous appelle à une patience ample et attentive. Quel bouddhisme pour l’Occident ? On ne peut conclure ! (Montrer à voir, ce n’est pas être) .