LE CENTRE DE L’ETRE, Karlfried Graf Durkheim

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Karlfried Graf Durkheim,

Albin Michel, Spiritualités vivantes, 1992

Le Zen est une religiosité qui n’est pas basée sur une foi, ni sur des croyances, mais sur une expérience.

Le zen propose des exercices. Chaque exercice représentant l’effort d’éliminer ce qui empêche, et l’effort de mettre en place ce qui permet de favoriser la manifestation de ce que les bouddhistes appellent notre vraie nature et que j’appelle notre Etre essentiel. Le travail sur le corps, sur la personne entière, extérieure et intérieure, corps et esprit. Il s’agit d’amener l’homme à la transparence vers la transcendance.

La transcendance est le berceau de toutes les religions, mais la transcendance n’appartient  aucune religion. Comme C.G.Jung, Graf Durkheim dit que la faim et la soif de transcendance ne sont pas imposées à l’homme de l’extérieur, par des systèmes religieux, mais qu’elles s’originent dans l’homme lui-même, dans ce qu’il appelle son Etre essentiel. Toujours, le thérapeute doit chercher, avancer plus, sinon, il ne peut aider les autres à avancer.

  • Le geste simple, sans cesse répété, transforme la  personne qui le fait. Ce qui importe c’est le geste juste, pur. L’intérêt de la « Personale Leibtherapie », c’est de donner la chance à la Grande Vie de couler dans notre  petite vie.
  • Si nous pouvions vivre dans la réalité de l’instant, nous ne connaîtrions plus l’angoisse.
  • Parce que ce que nous ressentons et appelons angoisse est toujours en relation avec un passé qui n’est plus et un futur qui n’est pas encore.

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Le chemin de maturation est chemin d’individuation :

« Deviens qui tu es ! ».

Le chemin de maturation conduit à l’inconnu de soi-même. Pas de préjugés, ni de pré-supposés sur ce chemin initiatique. Ce qui élimine la culpabilité qui habite toujours celui qui n’atteint pas le but qu’il s’est imaginé devoir atteindre.

  • Le chemin est le « lâcher-prise » des illusions, et le maître est celui qui sans cesse désillusionne. L’illusion s’origine dans la vision du moi. La conscience du moi est le prisme déformant.

Jacques Castermane pratique l’aïkido depuis de nombreuses années, son maître meurt d’un cancer.

  • « Est-ce vraiment un maître, s’il meurt du cancer ? » se demande-t-il. Karlfried Graf Durkheim lui répond : «  Jusqu’à aujourd’hui, vous avez pratiqué l’aïkido dans l’espoir que vos efforts vous épargneraient ce qui peut-être vous fait très peur : le cancer.
  • C’est ce que j’appelle mettre l’Etre au service du moi.
  • Alors que l’exercice sur le chemin consiste à mettre le moi au service de l’Etre.  Moi aussi j’aimerais faire le grand passage dans une dernière méditation, entouré de quelques disciples. Mais je sais, quand me vient ce curieux espoir, comme mon petit moi est encore dominant. » Cette première désillusion permet de faire un fructueux travail sur la confrontation avec l’inacceptable.

« Tomber sept fois et se relever huit, tel est le chemin. »

Etre relié à la transcendance ne signifie pas que nous réalisions de manière parfaite « ce que doit être un homme », mais avoir la force de nous voir dans notre vérité du moment…lorsque nous reconnaissons notre faiblesse.

  • Le travail du Hara permet de se situer ailleurs que dans le moi et de gagner une certaine indépendance et une certaine liberté.
  • Le nom de famille représente l’homme conditionné. Mais chacun d’entre nous est aussi un être inconditionné, qui est au-delà du temps et de l’espace : c’est l’Être essentiel, par rapport à l’autre que j’appelle le moi existentiel.
  • L’Être essentiel est au-delà de toutes les conditions, c’est le noyau qui, en chacun de nous, représente la façon dont l’Être universel voudrait se manifester de façon individuelle dans l’existence.
  •  Il se voit en opposition avec le moi existentiel conditionné. Cette tension entre ces deux pôles est le problème central de l’homme. Toutes ces réactions aux offenses de la vie que l’on refoule, on avale la gifle qu’on aurait dû rendre,  mais on ne la digère pas, l’ensemble des impulsions essentielles et des réactions existentielles forment ce que l’on appelle l’ombre.

« Avez-vous déjà rencontré la sorcière en vous ? »

« Avez-vous déjà rencontré le loup en vous ? »

Voilà la question que toute femme et tout homme peut se poser.

La vérité vécue, l’être authentique…accepter notre part d’ombre ne veut pas dire qu’on doive la vivre. Être authentique c’est accepter de voir qu’on est ce qu’on est, et pas ce qu’on imagine être en regardant son personnage dans un miroir. L’étymologie de méditation est méditari, c’est-à-dire qu’il y a quelque chose qui nous fait archer vers le centre. Ce n‘est pas nous qui pouvons le faire.

Il faut distinguer

le corps qu’on et

le corps qu’on EST.

Le corps qu’on est, c’est l’ensemble des gestes par lesquels nous nous exprimons et nous nous réalisons.

La respiration n’est pas un instrument qui permet de prendre l’air ! Il s’agit bien plus que ce mouvement dans lequel l’homme s’ouvre et de referme ; se donne et se retrouve. La respiration n’est rien, celui qui respire est essentiel, c’est l’homme qui prend conscience de lui-même à  travers sa façon d’être, là, sa façon de respirer.

Dans tout ce qui vit, vous rencontrez

1) la Plénitude qui donne à ce qui vit la force de vivre. La puissance qui nourrit la vie.

2) la loi qui se manifeste en tout ce qui est vivant dans une poussée vers sa réalisation, sa forme. C’est l’Ordre du devenir.

3) L’Unité fait que tout ce qui vit,  vit dans un Tout qui l’englobe.

Rien ne peut vivre s’il manque un de ces trois facteurs. Ce triple aspect de l’Être, cette trinité de l’Être se reflète en nous dans la force de vivre, dans l’aspiration à devenir ce qu’on est au fond et dans l’aspiration à devenir ce qu’on est au fond, à devenir un avec soi-même, avec l’autre, avec tout ce qui nous entoure.

Les trois détresses de l’homme, l’inacceptable :

1) le contraire de la force de vivre, qui met fin à la vie, l’annihilation.

2) la rencontre avec l’absurde qui contrarie l’ordre, le sens.

3) l’isolement qui divise, sépare.

L’homme, identifié à son moi conditionné, cherche et trouve la force de vivre, ainsi que la sécurité dans ce qu’il a, qu’il sait, qu’il peut.

  • Par contre, l’homme qui retrouve ses racines, son Être essentiel ressent cette plénitude dans une situation existentielle où il n’a plus rien, où il ne sait et ne peut plus rien.
  •  C’est la reconnaissance et l’estime des autres qui est nécessaire à  l’homme enfermé dans son moi. S’il est relié à son Être essentiel, l’homme se sent en ordre, même au milieu du mépris des autres.
  • L’homme transparent à son Être essentiel se sent relié au Tout.7489540436_b57df3583d_n

Comment accéder à Être essentiel, transcendant, immanent ?

En acceptant tout ce que le moi existentiel ne peut accepter.

 

Accepter la mort, l’absurde, l’isolement. Il fait l’expérience d’une force dans la faiblesse, d’un sens dans le non-sens, et d’un amour dans l’isolement.

  • L’homme occidental actuel, pour ne pas être écrasé par cet immense robot qu’est le monde des objets et des techniques doit s’adapter. En s’adaptant, l’home devient de plus en plus une chose, un objet, mais lui, être humain est ignoré et s’ignore.
  • Notre civilisation efface l’humain dans l’homme. Il est reconnu dans ce qu’il sait, dans ce qu’il a et dans ce qu’il peut, mais il est méconnu dans ce qu’il est. L’homme-objet a effacé l’homme-sujet.

A la base de l’intérêt de la méditation, il y a le désir ou la nostalgie de retrouver leur profondeur humaine, avec leur Être essentiel.

  • L’homme occidental s’ouvre à ce que l’orient a toujours appelé le chemin intérieur. L’homme occidental envisage une vie religieuse dans l’exercice. Alors que jusqu’à aujourd’hui, la vie religieuse avait pour seule base la foi.
  • L’assise en silence, avec notre conscience ordinaire, objectivante, notre moi existentiel est toujours dirigé vers un objet. La conscience du moi ne peut pas faire autrement.
  • L’exercice de la méditation commence par une phase active qui est la concentration. La concentration c’est donner au moi un os à ronger. Mais ce qu’on lui donne à ronger commence à ronger le moi ! Et c’est alors que la concentration peut devenir médiation.

Dans la pratique de la méditation, le mieux est de commencer par le rythme 3/1, trois temps pour l’expiration et un temps pour l’inspiration.

  • Pendant l’expiration, se lâcher, s’asseoir dans le bassin. Vient alors le moment mystérieux qui suit l’expiration et précède l’inspiration. Moment de silence, moment pendant lequel il semble que rien ne se passe, mais qui représente le moment de devenir un. Il ne s’agit pas d’un arrêt volontaire, d’une rétention. L’expiration aboutit naturellement à ce rien, ce vide.
  • S’abandonner dans l’expiration, devenir un, pas deux, non-deux….et à l’inspiration qui tout à coup émerge de ce rien, devenir, se retrouver dans une forme nouvelle. Grâce à cette concentration sur le rythme de la respiration, la rencontre du silence sera possible, ce rythme s’empare de vous et permet le passage de la concentration à la méditation, au-delà de toute volonté.
  • La petite mort au seuil de la renaissance. Dans une seule respiration vous avez la vie entière. Se concentrer sur une image, une parole, empêche le mouvement de transformation. La phase qui suit la concentration n’a plus de relation avec un objet, un but , avec le moi. Le moi a toujours besoin d’un objet. L’objet que nous donnons au moi est la respiration.

Dans la phase méditation, je ne fais plus rien.

Dans la phase de concentration « je respire »,

Dans la phase de méditation « je suis respiré ».

Plus le moi se retire et plus s’éveille au plus profond de soi ce que le moi ne peut pas faire. Dans le silence du moi s’élève la voix de la profondeur. L’exercice de la méditation est une éducation à entendre, à être à l’écoute. Entendre….parfois jusqu’à l’état de contemplation, qui représente la troisième phase possible. Là où il y a le Tout.

L’assise en silence, c’est le développement du corps qu’on est.

Sur le plan intérieur, cela revient à regarder ce qui se passe, très tranquillement, sans être accroché, saisi par ce que l’on voit. Ce regard particulier déchire le lien du moi qui a peur, du moi qui a une prétention, du moi qui veut sauver quelque chose.

  • Ce regard détaché est un autre regard qui permet de pénétrer le mystère des choses qui nous entourent. L’exercice de la méditation a pour sens la transparence à la Grande Vie, qui dépasse l’horizon de notre moi naturel. Méditer c’est se séparer du moi qui sépare et distingue.
  • On peut commencer à sentir la peau, le dos, la nuque…alors commence à disparaître ce qui nous sépare de ce qui nous entoure. Ce mouvement vers le dehors nous met dans un espace entièrement différent. Se mettre à l’écoute de l’intérieur de nous- même, se dévoile ainsi un espace et une durée qui n’ont rien à voir avec ce qui peut être mesuré.

Se sentir intérieurement ouvert, large, envisager l’image concrète du corps qu’on est.

Ce n’est pas de l’introspection, c’est ressentir ce qui se passe à l’intérieur, des sensations, des émotions et aussi des pensées. Le silence peut être ressenti, goûté, entendu, vu.

  • L’effort conscient de goûter différemment une qualité, nous libère de la carcasse dans laquelle on est enfermé et dans laquelle le moi se fixe.
  • Le but de la méditation sera toujours la transparence de l’être humain pour la transcendance qui est présente dans le tréfonds de son être. Dépasser l’horizon du moi, de façon authentique et légitime, toucher une autre réalité, une réalité transcendante. Au moment où l’homme abandonne les prérogatives instinctives et rationnelles de son moi, il s’ouvre à une puissance transcendante.
  • De cette puissance transcendante s’origine une force transcendante, un ordre transcendant et un amour transcendant. C’est une chose étonnante que de s’apercevoir que ces qualités sont celles que l’homme a toujours attribuées à ses dieux dans le polythéisme et à son Dieu dans le monothéisme : la puissance, la sagesse et l’amour. Qualités qui émanent de son Être profond, de son Être essentiel.

Cette idée est basée sur la bipolarité de l’homme : un pôle conditionné, et un pôle inconditionné.

  • L’homme ne peut pas faire l’expérience, c’est l’expérience qui le prend, le surprend. Pour que cela advienne, à l’homme de travailler, comme le jardinier prépare la terre pour que les fleurs éclosent et se développent, à l’homme de travailler son ego, de ne plus le nourrir, afin d’être plus perméable à la réalité essentielle, dans la profondeur de l’homme.

Le théologien établit une distinction entre le naturel et le surnaturel. Du point de vue de l’ego, le surnaturel est à l’extérieur. Mais du point de vue de la personne qui n’est pas limitée au seul ego, le surnaturel est la vraie nature de l’homme.5081399052_6dae7b4e6e_n

  • Dans la tradition orientale, il y a tout d’abord l’Absolu, l’Être, avant toute manifestation et avant tout distinction. L’Absolu est informel, il n’y a pas encore de forme.
  • Puis, sur un autre plan, vient la distinction, la manifestation vient de plus en plus dense. Plus tard viennent le temps et l’espace, la matière, et plus éloigné encore du principe, vient l’homme tel que nous le connaissons.
  • C’est sous sa peau, dans son inconscient que se loge l’Être, l’Absolu. Le chemin, la Voie a pour sens l’Homo maximus, l’homme universel qui est l’homme transparent à l’Être.
  • Pour ce faire, l’Être doit percer toutes ces peaux. Le chemin est celui de la transparence.

Vouloir atteindre la perfection est une erreur que ne doit pas commettre celui qui est en chemin. Notre vérité est souvent misérable en rapport avec notre idéal. La transcendance ne se manifeste pas quand nous dépassons le niveau humain mais précisément là où nous reconnaissons ce niveau humain, lorsque nous reconnaissons notre faiblesse.

  •  Dans l’exemple de la peur, c’est en  la reconnaissant, présente dans ma vie intérieure, que peuvent s’ouvrir les vannes qui laissent couler en soi ce qui dissipe toute peur. La transcendance dépasse toute peur, mais ne peut être dépassé que ce qui a été reconnu. Avoir la force de s’avouer ses propres faiblesses, d’être authentique, c’est ça vivre sous le signe de la transcendance immanente. Celui qui dépasse ses capacités naturelles peut devenir celui qu’il est destiné à devenir selon son Être essentiel.
  • Le coefficient de maturité, c’est le temps qui sépare le moment où l’on commet une faute et le moment où on s’en rend compte qu’on a commis cette faute.
  • Chez l’homme mur, ce temps devient de plus en plus court. M’importe moins ce que l’homme est que ce qu’il devient. L’essence des choses c’est ce que l’on distingue de l’apparence des choses. L’essence c’est la réalité profonde, on peut l’appeler la Vie, ce qui fait que tout ce vit…vit.
  • Le mot essentiel, pour moi, indique une expérience, et non un concept. Les philosophes transforment les expériences en concepts, la sagesse orientale se sert des mots pour indiquer des expériences qu’on ne peut définir. Ce n’est que dans la rencontre personnelle avec des expériences profondes que ce que j’appelle l’essentiel a, et maintient, sa réalité.
  • Se rendre compte que l’expérience vécue représente une chance pour son existence, alors, on pourra cultiver le champ de son existence, pour y retrouver l’essentiel que s’est manifesté le temps d’une expérience. Ce travail commence avec le développement de l’organe du goût de l’essentiel, le corps que nous sommes.

Lorsque je parle de l’Être essentiel, il s’agit de la théorie de la connaissance. Un centre de la connaissance qui est le moi existentiel conditionné. La transcendance est hors de ce périmètre, hors de cet horizon. L’autre centre de la connaissance est ce que j’appelle l’Être essentiel. Là, c’est l’homme lui-même qui se sent transcendant.

  • Ce qui est réalité, du point de vue existentiel, est le voile qui se pose au-dessus de la véritable réalité. Celui qui a vécu l’expérience de l’Être, ce qui compte c’est l’éveil d’une nouvelle conscience, c’est-à-dire la découverte d’un véritable devoir vis-à-vis de la vie : se transformer.
  • A ce moment commence le chemin initiatique, qui est chemin de transformation. Les qualités sensorielles : voir, entendre, goûter, sentir, palper, sont plus proches du divin que les pensées.

Se mettre à l’écoute est une très belle expression pour définir cette faculté de l’homme qui lui permet d’être en contact avec l’Être.

Ecouter ce qu’il y a derrière le bruit, sans le nommer, sans y poser un concept, juste écouter.

Demeurer, c’est au-delà de l’arrêt, c’est apprendre à se mettre à l’écoute de la profondeur, un obstacle est franchit, comme un rideau qui se lève, un mur qui tombe, on se sent une personne différente. En devenant un autre, on voit autrement, on voit autre chose. Conscient d’être dans la Grande vie qui coule en soi.6707257293_55e77976df_n

L’ombre est l’ensemble des forces, des puissances qui bloquent le chemin. Dans l’ombre se trouve tout ce qui est entre soi et le vrai soi-même. Voir et accepter l’ombre, c’est reconnaître qu’on est plein d’agressivité et de désirs. Lorsque l’ombre est reconnue, tombe déjà une surface stérile. Renoncer à un désir n’est pas le refouler, mais une décision, un acte libre. Refouler un désir naturel et légitime créé une ombre. Reconnaître une frustration et décider de ne pas la vivre est une action libre.  Refouler laissera toujours une trace, pas une action libre.

  • Pratiquer la Voie au quotidien : mettre une lettre à la boîte aux lettres, chacun peut profiter de ces 100 mètres pour se mettre dans le Hara. Chaque action de la vie quotidienne est une opportunité en ce qui concerne notre façon d’être là. Ce qui importe est le geste par lequel la personne réalise chaque action de sa vie quotidienne.
  • Il faut éviter le danger de vouloir être parfait ! Le chemin, c’est aussi côtoyer le noir, et ne pas seulement rester à l’abri sur un îlot où tout est beau.

Chaque action de la vie quotidienne, dont vous maîtrisez la technique, est un miroir de votre intériorité, dans le sens où chaque faute vous montre exactement le point où vous n’êtes pas en ordre.

L’homme est beaucoup plus

que la force qu’il a.

Comment être dans son Hara, lorsqu’on est debout ?

Ecouter l’intérieur de son corps, particulièrement en bas, au niveau du bassin, écouter comment ça respire, sans intervenir. Relâchez-vous dans vos épaules (non pas relâcher les épaules), au moment de l’expiration, laissez-vous descendre dans votre bassin, s’asseoir dans son bassin, dans son assiette.

  • Laisser venir l’inspiration ne pas la chercher, se laisser inspirer, souvent il y a le réflexe du moi qui se reprend à l’inspiration, comme s’il avait peur d’expirer !
  • Laissez venir l’inspiration comme elle vient, d’elle-même.
  • Laissez sortir le ventre, lâcher prise dans le ventre, entre le nombril et le pubis. Si vous êtes dans votre assiette, et que vous mettez de la force dans la sangle abdominale, il devient très difficile de vous renverser lorsqu’on vous pousse dans le dos.

Orient/Occident :

L’Orient s’intéresse à ce qui est opposé à toute distinction c’est-à-dire à ce qui est un.

L’Occident s’intéresse à la dualité, à la relation moi-toi.

Ces deux positions sont les aspects d’une même chose, ce que taoïsme symbolise dans le Yin et le Yang.

  • La vie est un dialogue entre ces deux pôles que je suis. La transcendance est emprisonnée en nous, dans la mesure où nous sommes encore à la merci du petit moi. C’est la condition naturelle de l’homme.
  • La méditation c’est le méditari. Dans le méditari, nous sentons que les portes de la prison s’ouvrent. Et cette force transcendante commence à agir en nous transformant de l’intérieur.
  • Ce qui est vrai au moment de l’exercice est vrai pour notre vie entière.
  • L’existence est une prison pour la transcendance. L’exercice et le quotidien deviennent un champ de libération de la Grande Vie.
  • Cette idée de transcendance immanente est reliée à des expériences. L’exercice sur le chemin a pour sens l’ouverture de l’homme à ces expériences.

Le son de l’Etre est toujours là.

Il revient à l’homme de s’accorder lui-même en tant qu’instrument

afin que résonne, en lui, le son de l’Être.

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LE chemin commence avec une expérience dans laquelle l’homme a senti quelque chose qui non seulement libère, mais en même temps représente un appel.

  • Le chemin commence là où nous sommes attentifs à ce que notre profondeur demande et exige. Ensuite, le chemin est fidélité à l’exercice. Quel que soit l’exercice sur le chemin, il concerne la transparence pour la transcendance.
  • La transcendance n’est pas un concept, n’est pas une croyance, mais l’expérience d’une qualité qui est l’expression d’une réalité présente en soi-même.

Le but de l’exercice est le geste pur. C’est-à-dire le geste purifié de l’ambition, de l’angoisse, du vouloir faire qui s’originent dans le moi. Il faut éviter d’envisager la perfection. Personne ne peut se maintenir dans le geste pur.

  • C’est une direction que prend celui qui s’exerce. C’est un éveil de la conscience de ce qui n’est pas juste. Le geste pur ne vise pas l’efficacité, qui concerne l’extérieur, il vise l’intériorité.
  • Regarder avec un œil conceptuel, vous verrez ce que vous regardez selon un ordre conceptuel.
  • Si vous regardez la même chose à partir de votre profondeur, ce que vous regardez vous répond sur un niveau plus profond. Ce que nous voyons voile la profondeur qui est à l’origine de la forme. L’artiste dévoile la profondeur.

La Vie n’est pas la somme de tout ce qui est vivant.

La Vie, c’est l’essence de tout ce qui est vivant.

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 Le Vie se manifeste sous trois aspects :

La plénitude  se révèle dans la force de vivre.

L’ordre se révèle dans l’élan qui pousse tout ce qui vit dans la forme.

L’unité se révèle dans la nostalgie de l’union, qui, pour l’homme est la nostalgie de l’amour.

Les trois grandes détresses découlent de cette trinité :

La peur de l’annihilation, de la destruction de la vie.

C’est le désespoir vis-à-vis de l’absurde, le non-sens.

C’est la tristesse de l’isolement.

Accepter la destruction, l’absurde, l’isolement, c’est aller vers la chance d’être touché par quelque chose qui est au-delà de la vie et de la mort, au-delà du sens et du non sens, au-delà de l’isolement ou de l’abri qu’il trouve dans une communauté.

  •  Trouver le goût de la transformation, c’est le fait que l’homme est capable de supporter la vie d’une façon différente et de donner à toute action un sens transformateur.
  • La transformation c’est voir dans ce qui nous entoure, quelque chose de plus profond que la surface qui s’impose tout d’abord à notre regard. L’exercice sur le chemin a pour premier but de changer la conscience.
  • Le sens du chemin est la transformation, devenir un autre, voir autrement, voir autre chose.

Il est important de développer le goût du Sacré. Celui qui a perdu la foi de son enfance résiste à tout ce qui lui rappelle ça et le mot Sacré peut faire reculer.

  • Aussi je trouve bien que nous ayons à notre disposition le mot numineux : de l’allemand « Numinose », néologisme formé par Rudolf Otto sur le latin numen (« puissance », « volonté divine »), phénomène mystérieux qui donne le sentiment d’être relatif au divin.
  • Le numineux est ainsi un mystère (latin : mysterium), à la fois terrifiant (tremendum) et fascinant (fascinans). Ce que nous devons retenir, c’est que dans la surface, il y a une profondeur cachée.

Le Tout nous touche comme nous touche un parfum. Ce n’est pas un choc, c’est un toucher très doux, un parfum qui petit à petit s’empare de vous et vous remplit complètement. J’ai toujours l’impression que l’organe avec lequel nous sommes capables de sentir quelque chose de l’au-delà, c’est le corps tout entier et particulièrement le dos.

  • Par contre, ce qui rend le contact impossible, c’est la conscience conceptuelle, que nous situons dans le front. La transcendance est là, nous lui appartenons, mais sur la base de la conscience conceptuelle, nous nous en séparons. La fascination rend compte de tout le côté de soi-même qu’il faut développer. Côté inconscient qui attend d’être touché.
  • C’est ce que Jung appelle l’anima chez l’homme et l’animus chez la femme.
  • L’anima et l’animus font qu’on projette sur l’autre un ensemble de qualités qu’on est soi-même. C’est parfois tellement fort que si on perd l’autre, on a l’impression qu’on va mourir. Les qualités de l’autre sont agrandies par les projections de ses propres qualités. Ces qualités qui sont projetées font partie de l’Être essentiel. Elles attendent de s’intégrer au moi existentiel.
  • Dans une relation mature de la vie d’un couple, la relation doit être envisagée sous l’exigence de la réalisation du véritable Soi. Pour celui qui est en chemin, ce qui importe et représente la richesse à venir, c’est le Soi. Parce que on ne peut se donner à l’autre que dans la mesure où on est soi-même quelqu’un. Jusqu’à pouvoir dire à son compagnon, ou sa compagne :
  •  « Je suis moi parce que toi, tu  es toi. »
  • C’est ainsi que les deux développent l’union et que l’union développent les deux. Dans le couple, c’est méditer la fin de la relation, quelle qu’en soit la raison, qui permet de maintenir une liberté fructueuse. La vie a un sens à travers la mort. Considérée par le moi existentiel comme l’ennemi par excellence,
  • la mort est au fond l’amie qui vous prend par la main pour vous conduire au seuil d’une vie plus grande.

Sans ce passage par le néant, il n’y a pas de découverte d’une autre réalité. Ainsi, toute notre vie devient une préparation à la mort. Cela en apprenant à lâcher prise.21875673894_d26f6a911f_z

Pour celui qui est en chemin, ce qui agréable ou désagréable, ce qui fait plaisir ou ce qui fait souffrir, n’a d’autre sens que de fortifier le noyau intérieur. Ne pas se laisser prendre par les forces émotionnelles. Les prendre en main et les travailler donne une personne différente. Pour cela il est nécessaire d’accepter tout ce qui se présente.

  • Sans cesse le moi doit mourir à ce à quoi il est attaché afin de pouvoir mûrir et se développer. C’est un point de vue qui n’a pas de limite.

Le lâcher prise élimine les obstacles au développement intérieur