L’Esprit ZEN, Alan WATTS

L’esprit du ZEN

Alan WATTS (1936)

 Zen = niveau inexprimable de la réalité, cad le non verbal, non symbolique, le monde concret est indéfinissable par rapport au monde abstrait.

« Si vous ne parvenez pas à la trouver la vérité en vous-même

Où donc espérez-vous la trouver ? »

Zenrin Kushu.

 A l’image des fréquences aiguës et graves inaudibles, peut-être les mots les plus intelligibles et inintelligibles sont-ils pareillement incompréhensibles ? Le but du zen n’est pas d’être compris. Le but du zen c’est de surprendre, déconcerter, stimuler, dérouter, épuiser….lâcher prise ENFIN !

  • cancer_oeilLâcher l’intellectualisation pour l’intuition = l’œil de l’esprit. Le dédain de la logique recèle une certaine sagesse propice à l’appréhension du Zen.
  • Zen = médiation = état de conscience supérieur unissant l’homme à la réalité ultime de l’univers.  Bouddha a eu des disciples, qui se sont divisés en 2 groupes : MAHAYANA : grand véhicule de la Loi, métaphysique. en Chine, Tibet, Mongolie, Corée, Japon.
  • Le SOI PROPRE n’existe pas.Le SOI existe, c’est l’univers, dans l’interdépendance des choses.
  • Le  SOI = SUNYANA = vacuité .HINAYANA : petit véhicule Ceylan, Birmanie Siam. Règles de conduite, analyse psychologique et physique École de pensée rigide conventionnelle, tendance matérialiste Le SOI n’existe pas, idéal négatif.
  • Le SOI est un problème, Bouddha ne répond pas à la question « qu’est-ce que le soi ? »,  d’où la différence entre MAHAYANA et HINAYANA, l’interprétation diffère.
  • L’homme s’identifie à sa personne ( = forteresse), a la capacité de s’isoler de la vie, l’illusion est double:  il n’est pas sa forteresse, sa capacité d’isolement est imaginaire, la forteresse n’est pas la réalité permanente.
  •  L’homme souffre à cause de sa soif de posséder et de garder ce qui est par essence transitoire. Notre perception des choses dépend de notre propre réalisation intérieure.
  • Le sage verra le Nirvana dans les choses de la vie courante, le fou spéculera à son sujet, prétendant qu’il est ailleurs. La technique du Zen pousse hors de l’intellectualité et de la morale traditionnelle. Bodhidharma introduit le Zen en Chine en 527.

taoisme_nonAgirTAO = voie, loi Dieu nature…mais surtout mouvement et devenir. S’adapter = accepter le mouvement du TAO pour avancer à son rythme, l’homme sage trouve la quiétude. Maîtriser les événements, sans s’opposer à eux. Dominer les événements en se mouvant en eux, maîtriser par l’adaptation. Parler du Tao équivaut à s’en éloigner, le saisir dans des concepts = enlève toute réalité vivante. Le zen ressuscite la philosophie taoïste.

« Nulle porte ne ferme les grandes routes Il y a des sentiers divers ;

 Ceux qui franchissent cet obstacle Parcourent librement l’univers »

Face aux questions des disciples, il y a les réponses abstruses (dont la difficulté rebute l’esprit) et absurdes (contraire à la raison) des maîtres Zen. Le Zen propose de suivre le mouvement de la vie, sans vouloir ni arrêter ni interrompre son cours:

 » Un chemin sans détour »

  • cela suppose une compréhension immédiate des choses de la vie et du mouvement et non des sensations et concepts = symboles de mort d’une réalité vivante.
  • Face à un événement, la réponse doit être immédiate, instantanée, cad sans l’intervention de la pensée discursive, mentale consciente.
  •  « Qu’est-ce que le bouddhisme ? Le cyprès dans la cour » 
  • Ces réponses ramènent l’esprit du disciple du plan de l’abstraction à la vie. Pour le bouddhisme, et le taoïsme,

« rien ne peut être possédé ».

Le possédant est en réalité celui qui est possédé, puisqu’il devient l’esclave des illusions qu’il nourrit à l’égard de la vie.

  • Le non attachement, ce n’est pas fuir la vie, c’est avancer à son rythme, c’est la liberté totale, l’acceptation de la réalité. Garder ses illusions, c’est rester immobile.
  • L’enseignement du Bouddha, c’est un radeau qu’on utilise pour atteindre l’autre rive, et qu’on abandonne une fois arrivé. Renoncer à tout, revient à tout gagner.
  • Les 2 piliers du ZEN = satori et koan.
  • Satori = libération de l’attachement aux idées fausses de possession avec sentiment de liberté illimitée. Le Satori est la mesure du Zen, sans lui le Zen n’est qu’une somme d’absurdité, de même que le koan est la mesure du Zen.
  • Koan = problème posé n’admettant aucune solution intellectuelle, logique. La vie n’est qu’un koan géant, le problème de la vie pour le Zen consiste à dépasser le jeu des contraires qui voile la vérité.
  • Le koan est comme une brique qu’on utilise pour frapper à la porte, sitôt la porte ouverte, on jette la brique. La sagesse immuable (opposée à la rigidité, la lourdeur, la vie), c’est le plus haut degré de mobilité autour d’un centre immuable. « Simplement parce que l’essieu ne bouge pas, la roue tourne »
  • C’est le principe de non-action qui meut toute chose » Une gifle donnée par un maître Zen a un caractère subit, irrévocable et vivant.
  • « L’économie des énergies » c’est le principe taoïste, cad utiliser l’énergie juste pour l’action à faire.  « aller droit devant soi » Dans l’œuvre picturale, le vide peut être plus important que la forme La cérémonie du thé, c’est la liberté spirituelle suprême, détachement profond, sentiment totale de satisfaction avec la nature,  les changements incessants, variés (s’oppose à symétrique),  aspect subtil (s’oppose à évident), suggestion (s’oppose à révélation ), pour que le spectateur puisse accéder à un contact direct avec la vie au lieu de bénéficier d’une analyse de la vérité faite par une tierce personne.