SEMEUR D’ESPOIR, Pierre Rabhi

semeur_espoirs-200x271SEMEUR D’ESPOIR

Pierre RABHI

Actes Sud, 2013

  • Toute violence a pour matrice la peur, la faiblesse, ou la convoitise. L’arme de destruction la plus massive sur la planète est le lucre, la finance glorifiées par la Bourse.
  • Je rêverais de congrès internationaux qui réuniraient les enfants du monde pour les aider à prendre conscience de leur identité planétaire et de les préparer ainsi à l’estime mutuelle, à la solidarité au sein de la maison commune. Nous sommes héritiers d’une humanité qui a eu peur depuis ses origines. Cette angoisse habite nos cellules, tout comme l’instinct de survie habite chaque être vivant.
  • Bien que nos propres démons soient plus tortueux que les menaces extérieures, dès que nous pensons qu’il y a menace, dès que nous pensons que notre territoire est en péril, trouver un bouc émissaire est une tentation facile : « l’enfer, c’est les autres ! » Je n’aime pas cette formule qui fait de chacun de nous une victime et nous exempt de notre propre responsabilité. Ce constat est juste pour des situations d’oppression, de tyrannie : un dictateur peut devenir une enfer pour tout un peuple.
  •  La vraie non-violence nécessite un travail sur soi en profondeur. La quête de la paix exige une connaissance de soi : ce qui exige, paradoxalement, de se détacher de soi. S’observer, comme si l’on n’était pas concerné, exercice très exigeant ! On pourrait s’attaquer aux racines du mal en commençant à apprendre aux élèves à se montrer généreux les uns envers les autres, à la place de la concurrence, compétitivité, instaurer une pédagogie de la paix où les valeurs seraient mutualisées à l’avantage de tous. Aucun être ne doit être subordonné à une autre.

Seul le changement de comportement individuel peut changer le monde.

 Détruire la nature, polluer, c’est aussi de la violence. Tuer les animaux sans nécessité, par inconscience ou par plaisir, c’est toujours de la violence.

  • La conscience doit conduire à la responsabilité face à la vie, se mettre en harmonie avec la vie, pour trouver un sens à sa propre vie. Développer la convivialité à l’échelle du monde, c’est à dire, renoncer à tout ce qui reproduit la dualité, comme la mondialisation. La prédation légitime c’est l’interdépendance, basée sur la suppression de la vie pour la prolongation de la vie :

le lion mange l’antilope

mais il n’ouvre pas de banque de dépôt d’antilopes

pour en faire un produit financier !

Prélever au-delà du nécessaire se fait au détriment et au préjudice de nos semblables. Ce réflexe d’accaparement est la cause de l’épuisement accéléré de nos ressources terrestres, la détérioration de la biosphère, le déboisement.

  •  La souffrance a pour objet de donner plus d’intensité aux moments joyeux. La vie sur terre représente un tel miracle que cela n’a aucun prix. Dans le système qui est le nôtre, ce qui n’a pas de prix est censé ne pas avoir de valeur.

Le gouvernement américain propose au chef indien Seattle de lui racheter les territoires de sa tribu, il eut une réponse magistrale :

« Comment voulez-vous que nous vendions une terre qui ne nous appartient pas

et à laquelle,au contraire, nous appartenons ?! » 

Comprendre cela, c’est comprendre l’essentiel, le fondamental !

  • Une légende amérindienne raconte la participation du colibri pour éteindre une feu de forêt, avec quelques gouttes d’eau dans son bec, versé au-dessus des flammes. Il fait sa part, même si cela ne sert à rien, il refuse de renoncer, le non-renoncement est l’expression de la LIBERTÉ.
  •  Avant de remplacer le nucléaire, il faut apprendre la sobriété, modérer notre consommation d’énergie. Il est difficile d’avancer tant qu’on n’a pas réglé cette boulimie de consommation d’énergie. Opposer la sobriété libératrice à l’insatiabilité de l’homme.

« Oasis en tout lieux » sont des regroupements de gens qui vivent dans la proximité les uns avec les autres, partagent les même valeurs, permet d’entraider, de mutualiser leurs savoirs.

  • L’utopie, c’est l’intelligence de la transgression choisie, mûrie, raisonnée. L’agroécologie : rien de se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Une méthode efficace qui prend en compte tous les facteurs de la vie, sans recours à la chimie.
  • Le cerveau et les mains se développent de concert, in utéro, or, pour l’éducation, on continue à s’adresser au développement intellectuel de l’enfant, principalement. L’enfant est spolié de son autonomie, privé de la possibilité d’explorer ses aptitudes manuelles.

 « Que pensez-vous de la Procréation Médicalement Assisté ? »

  • En écartant le principe créateur fondé sur la convergence du masculin et du féminin, on va à l’encontre du processus de perpétuation de la vie et donc son extinction réelle ou symbolique.  Cela me pose un problème qu’on impose à une enfant un destin en dehors des lois naturelles.
  •  « Sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme. »(Rabelais)
  • La science se déshonore. Voir son parcours de vie comme un mur de brique, qui se construit, où chaque pierre repose sur la précédente. Ce processus-là nous édifie :

« Ce que j’ai vécu m’a édifié, si je reste dans la nostalgie, je handicape cette élévation. »

Je ne suis présent au présent comme toute réalité. Il faut s’efforcer de voir notre vie comme une continuité et non comme une succession de ruptures qui ne feraient que nous endolorir.

  • Ce qui a été un élément constitutif de mon histoire ne doit pas encombrer mon présent, c’est ainsi que marche la vie.
  • Le monde actuel :
  • D’un côté, la dictature d’une idéologie qui s’impose au monde entier, celle de l’argent, du pouvoir et la prédominance des matières combustibles industrielles.
  • D’un autre côté de belle âmes des consciences qui luttent contre le racisme, contre l’exploitation de la femme, la dégradation de la nature, et construisent dans le présent, un avenir meilleur. Chaque fois que j’apprends à un paysan à travailler la terre en la respectant, je fais naître en quelque sorte un guérisseur de la terre.
  • Nous devons passer d’une sociologie qui a circonscrit les gens, fragmenté le système humain à une sociologie des consciences.
  • Des consciences libres de se rejoindre, sans qu’elles soient seulement déterminées par les appartenances, les clans…

 Mon but dans la vie : être cohérent, c’est-à-dire, mettre en harmonie ma vie quotidienne avec ma conscience et mes convictions. Sentir que l’on est en bonne résonnance avec soi-même, avec les autres, avec la vie. J’ai connu la terreur de quitter ce monde, et je me suis dit qu’il fallait que chaque jour soit fécond.

Tout le monde a rendez-vous avec la mort, alors, pourquoi gâcher nos jours avec cette appréhension ?

  •  « Je sais que je ne sais pas » disait Socrate, est la vérité absolue.
  • Actuellement, nous tuons la terre qui nous nourrit. Je m’obstine à vouloir relier, harmoniser la terre et les hommes. L’humanisme c’est la réalité vivante, une écologie qui pousse les humains à prendre conscience leur responsabilité pour vivre en harmonie avec les réalités de la vie et aboutir à la seule finalité qui mène notre dénouement absolu : l’avènement d’une société humaine fondée sur la puissance de l’AMOUR

www oasis en tous lieux.org