Vers le Révolution Intérieure, KRISHNAMURTI, 1971, Presses du Chatelêt

VERS LA REVOLUTION INTERIEURE,

se changer soi-même pour changer le monde.

KRISHNAMURTI, Presses du Chatelet, 2012

La culture, la société, nous les avons créées, nous sommes cette culture, et elle n’est autre que nous même.

  • Nous sommes le monde, le monde et nous ne faisons qu’un.
  • Or, pour changer les structures de cette culture, c’est nous-même qu’il faut changer d’abord.
  •  Avec un gourou, il est impossible de réfléchir « avec », de partager une réflexion, d’avoir une opinion propre, voilà pourquoi, nous ne sommes pas votre gourou, ni votre autorité de référence, nous ne donnons pas de direction. Notre seule préoccupation est l’examen et la compréhension d’un changement social potentiel.
  • L’autorité ligote, détruit, corrompt. Notre esprit est lourdement conditionné par le temps, par la culture, par diverses influences, par le passé. Le conditionnement est le passé.
  • L’esprit peut-il changer grâce à l’analyse ? Cela suppose la présence d’un observateur (l’analyseur) et de la chose analysée, ce qui conduit à la division et donc au conflit, car, l’analyseur voudra corriger, dominer ou réprimer la chose analysée.
  • L’analyse est un examen dualiste. Il y a clivage, fragmentation entre l’observeur et l’observé, entre l’analyseur et l’objet de son analyse. Lorsqu’il y a dualité, il y a conflit.
  •  L’analyseur appartient au passé, il a acquis un savoir au travers de diverses expériences, il est le censeur qui juge, il créé la division. L’analyse, l’introspection, la recherche de cause n’est pas la voie vers la liberté. Affranchi de l’idée d’analyse, de préjugés, d’idées préconçues, de croyances,  l’esprit est plus libre de regarder dans une autre direction, il y a une autre voie.
  • L’esprit ne peut jamais être libre tant que l’effort, la résistance, la soumission, sous une forme ou une autre, entre en jeu. L’effort existe lorsqu’il y a DUALITE.
  • La dualité implique une contradiction : « je suis ceci (présent) mais je devrais être cela (futur) ». Celui qui veut changer radicalement doit observer ce qui « est », et non ce qui « devrait être ».
  •  Libéré de « ce qui devrait être », l’esprit est libre de toute contrainte, de tous idéaux, de tout concept « faites ceci et vous obtiendrez cela ». 
  • La méditation consiste à découvrir une manière de vivre exempte de tout conflit. La pensée peut-elle nous mener à la découverte d’un mode de vie harmonieux ? La pensée est une réponse de la mémoire qui est conditionnée par la culture au sein de laquelle vous avez vécu. Par conséquence, la pensée n’est jamais libre.
  • Face à un questionnement, laissez-vous imprégner par la question, sans courir trop vite à une mise en mots pour expliquer… La perception directe, sans passer par les mots, fait peur.
  • Il en va de même pour la souffrance, que nous l’avons tous expérimentée, face à la souffrance, nous avons tous tendance à fuir, nous échapper avec des mots, pour, croyons-nous, la tenir à distance. Je vous propose d’essayer, face à la souffrance, de ne pas fuir, de rester, face à elle sans vous identifier à elle, sans le moindre mouvement de pensée, juste, observer ce qui se passe… de cette souffrance naît la  passion (étymologie de passion = Action de souffrir).
  • Si vous faites front à un fait, quel qu’il soit, sans laisser vagabonder la pensée du côté de la fuite, des explications, ou de l’identification, si vous restez en présence de ce fait, alors, surgit une immense énergie. De cette énergie surgit la flamme de la passion. La souffrance génère donc une passion, et il vous faut de la passion pour découvrir la vérité.
  • Senior and young holding hands

    La souffrance prend fin quand on l’affronte, quand on ne la fuit pas. Cette flamme de la passion devient la COMPASSION, c’est-à-dire, la passion envers tous.

  •  Les activités de la pensée ne sont pas source d’harmonie dans l’existence. Ensuite, à vous de chercher les réponses, ne vous tenez pas à des explications verbales, en étant de bout en bout passionné, et par conséquent, sérieux, de sorte que l’esprit se libère de la peur.

 

  • La peur est le fruit de la pensée. Ce n’est que lorsque l’esprit est totalement vidé de tout mouvement de la pensée, à l’exception du mouvement qui est nécessaire au moment où l’esprit doit fonctionner, alors, nous pourrons voir ce qu’est la vérité, accéder à la beauté, à l’intensité, à la vitalité et à la passion qui vont de pair avec la vérité.
  • Pour changer la société, il faut changer les structures internes de notre pensée. 
  • A vous de vous poser les questions et d’y apporter les réponses, à personne d’autre, il vous faut donc apprendre à être vigilent, attentif, aux aguets, afin de voir les choses dans leur vérité vraie. Vous ne pouvez atteindre la vérité par l’intermédiaire d’autrui, il faut voir de vos propres yeux, aiguiser votre conscience, votre sensibilité.
  • Vous devez être à vous-même votre propre lumière. soleil
  • Pour savourer un met, il faut que je l’absorbe, que je le goûte, que je le touche, sa description n’aura aucune saveur. N’admettez rien d’emblée, pas même votre propre moi, car pour trouver la vérité, l‘esprit doit être libéré du moi.

 

Qu’est-ce qui empêche l’esprit de jouir d’un immense espace ? Si vous dites

« je ne prononcerai jamais un mot dont j’ignore tout, je ne répéterai jamais quelque chose que je n’ai pas vécu »,

cela équivaut à l’extinction définitive de tout ce que vous connaissez, vous ne pourrez plus citer les livres saints.

  • La mort, c’est cela : cette fin, cette extinction, alors seulement, à ce moment, quelque chose de neuf est possible. Mais, quand il y a une continuité de temps sous forme de « moi » (mes habitues, mes tracas, mes terribles souffrances, ce que j’appelle vivre, et que je veux perpétuer), alors, la peur de la mort est là.
  • Il n’y a nulle recette qui vaille, en revanche, si l’esprit est conscient du fait qu’il peut mettre fin à l’angoisse, s’il sait ce que signifie mourir chaque jour de sorte que chaque jour est pour lui un nouveau jour, alors l’esprit est empreint d’une fraîcheur totale.
  • Si vous savez mourir chaque jour, vous connaîtrez la beauté de la mort, car de cette extinction jaillit une nouveauté, quelque chose de tout à fait différent.
  • La vérité est-elle une chose figée, ou est-elle une chose vivifiante ? Tout esprit désireux de saisir la vérité doit être affranchi de l’ensemble des conditionnements liés à une culture particulière, c’est-à-dire,  libre de toute croyance.  La croyance se fonde sur le désir d’être rassuré, sur la soif de sécurité ou sur la peur. Apprenez, écoutez attentivement, n’accumulez rien.  Tout ce que nous savons, c’est que nous vivons dans le désordre, dans la contradiction, la zizanie perpétuelles.
  • Observez le désordre, apprenez tout sur le désordre, c’est cela l’ordre. Et c’est cela la discipline, synonyme d’apprendre. En d’autres termes, il faut bannir toute action positive visant à l’ordre et au contraire, observer le désordre.
  • Pourquoi la confusion existe ? Parce que le conformisme existe. L’esprit ne cesse de se comparer, se conformer et obéir. D’où le rejet de ce qui est au profit de ce qui devrait être, l’homme idéal, le héros.
  • S’il n’y a pas de comparaison, alors je peux être ce que je suis, je suis libre de changer, je peux aller au-delà de ce qui EST.
  • On ne peut pas s’entraîner à la vertu, elle est, tout comme l’humilité, elle ne peut faire l’objet d’une pratique.  Lorsqu’on comprend ce qu’est la vanité, l’humilité advient spontanément. sad-smiley-icon-thumb32738
  • Pour connaître la vérité, l’esprit doit être libre de toute notion d’imitation, de conformisme, l’esprit doit être libéré de toute peur. Ce n’est qu’alors qu’il est en mesure de voir, de percevoir ce qui est.

 

  •  Quelle est la qualité propre à l’esprit qui est en état de méditation ? Pour comprendre ce qu’est la méditation, il nous faut comprendre ce qu’elle n’est pas. Avant toute méditation il est indispensable de se connaître soi-même, non pas tel qu’on souhaiterait être, mais tel qu’on est réellement, avec ses doutes, ses peurs, ses conflits, ses joies…. De cette compréhension surgit l’action juste, c’est une base de vérité, sans laquelle, la méditation devient une forme d’auto-hypnose.
  • Se comprendre soi-même au lieu de se fuir, sans faire intervenir le censeur qui dit « fais ceci, c’est bien, c’est mal…. »
  • L’étymologie de discipline est « apprendre », pas obéir, ni se conformer, mais APPRENDRE. L’acte même d’apprendre est la discipline. En apprenant à se connaître, on instaure un certain ordre dans sa vie. Pour observer, sans interférence du « censeur » ou du passé, observez en faisant abstraction du langage : lorsque rose8vous observez une rose, faites abstraction de l’image que vous avez eu, ou du mot par lequel vous la désignez. Quand vous l’appelez « rose » cela vous empêche de la regarder.
  • Il est aussi nécessaire de comprendre la nature de la structuration de la pensée, cela fait partie de la méditation. Si vous ne comprenez pas ce qu’est la pensée, alors vous êtes en perpétuel conflit avec elle.
  • Percevoir est le premier pas à réaliser, et aussi le dernier, sans jugement. Une fois un fait perçu « la posture de disciple est totalement erronée », cette perception est l’étape finale,  une fois le fait perçu, il faut l’oublier, car à l’instant d’après, vous devez être de nouveau perceptif.  Si on ne lâche pas ce qu’on a perçu, alors la pensée se remet en mouvement, se perpétue.  Le mouvement et la continuité sont du temps.
  • Quand l’esprit reste emprisonné dans le mouvement du temps, il est en esclavage. L’esprit doit observer, avoir de chaque perception une conscience, s’abstenant de choix, et mettre fin à la perception instantanément. On voit …..et c’est fini.
  • Laisser mourir chacune de nos perceptions : on comprend, on voit, on agit, puis on met un point final à la séquence. L’esprit ne cesse de percevoir puis de mourir, de percevoir le vrai du faux, puis d’en finir aussitôt, d’avancer, sans être « plombé » par la mémoire.
  • Quand vous vous comprenez vous-même, quand vous comprenez ce que vous êtes, sans « censeur » qui vous dicte un héros, alors, votre esprit peut se vider naturellement et sans contrainte de tout son contenu, de manière à voir clairement, et sitôt la chose vue, en finir définitivement avec elle, de sorte que l’esprit se renouvelle sans cesse dans cet état de vacuité, d’innocence (esprit imperméable tout blessure).
  • L’esprit vide est attentif, permet d’agir sans fragmentation, de manière pleine et entière, en intégration, réunification. Un gourou qui affirme savoir comment méditer, vous empêche d’expérimenter vous-même.
  •  Celui qui dit savoir ne sait pas.
  •  L’esprit doit donc être lavé du mot, de l’image, du passé. Voilà ce qu’est ce premier pas et ce dernier pas.
  • Est-il possible de vivre dans cet univers merveilleux, dans l’amour, la beauté et la vérité ? Toutes nos motivations ont pour base deux principes fondamentaux : la peur et le plaisir. Comprendre la peur  nous libère de la peur. La liberté et la beauté vous adviennent lorsque vous comprenez la réalité telle qu’elle est, que vous comprenez vraiment la confusion, l’indifférence, la brutalité qui sont vôtres. C’est de cette observation, de cette prise de conscience attentive, toute en délicatesse, que vient la beauté de la liberté.
  •  La peur est le corollaire de l’attachement, lorsqu’on possède, on a peur de perdre.
  • La pensée est responsable de la continuité de la peur : un événement douloureux éprouvé dans le passé entraîne la pensée de ne plus revivre cela, ni maintenant, ni demain.  C’est la pensée, autrement dit l’écho restitué par la mémoire d’un événement douloureux,  qui suscite la peur.
  •  Le plaisir : vous éprouvez du plaisir en regardant un arbre, un coucher de soleil, et votre pensée l’emmagasine, et vous vous dite « j’aimerai me souvenir de cela demain ».
  • C’est la pensée qui donne au plaisir une continuité, elle nourrit et fait perdurer le plaisir.
  • Plaisir et douleur sont les deux faces d’une même médaille, la pensée dissocie ces deux sentiments :  « ceci, il me le faut, cela je dois l’éviter. »Et voilà le censeur qui intervient.
  • En nous, il y a l’observateur, et une chose observée, l’observateur, c’est le censeur, c’est le savoir accumulé, c’est le centre, l’égo, le « moi ». Sous l’effet de la pensée, ce « moi » invente un « super ego ». Cette dualité est la cause de nos conflits, résultat de divisions. L’observateur, c’est la passé, l’image élaborée au fil des ans.
  •  Est-il possible d’observer sans image interposée, sans intervention de l’observateur ? Etre simplement attentif, avec une conscience exempte de choix, de préférence, de goût, ou d’aversion,  la machine à enregistrer ne fonctionne plus.
  • Si l’on m’insulte, au moment même de l’insulte je suis en conscience absolue, il n’y a pas d’élaboration d’image. Un intervalle se créé entre l’insulte et l’enregistrement, et l’enregistrement n’a pas lieu, parce que vous êtes totalement conscient, attentif.
  • Regarder, un arbre, en faisant abstraction de toute image, l’image étant les connaissances préalables d’avoir déjà vu un arbre, regardez sans l’observateur, comme si c’était la première fois, sans image interposée, observation claire, lucide. C’est la transcendance. Dès lors que vous savez qu’il est possible d’aller au-delà de ce qui est, vous êtes plein d’énergie.
  • Pour savoir ce qu’est  la médiation, passons par la voie négative, par ce qu’elle n’est pas :
  • ce n’est pas la pratique d’un système,
  • ce n’est pas la concentration (il y a intervention de l’observateur et de l’observé : « je dois me concentrer »),
  •  ce n’est pas un moyen de fuir la compréhension de notre être véritable….
  • alors l’esprit peut faire silence, abandonner l’observateur, se vider de tout le passé, accéder à un vaste espace, qu’on ne peut pas décrire, on peut juste le découvrir et l’éprouver.
  • Pour pouvoir me connaître, je dois faire abstraction de tout savoir préalable me  concernant, afin d’apprendre à chaque fois quelque chose de neuf. L’éveil, ou la vérité est une notion hors du temps, or, le savoir n’est autre que le temps,  sachez mourir chaque jour à toute forme de savoir acquis et abordez le matin d’après, l’esprit frais, épanouit, sans cesse comme une fleur nouvelle.
  • Une révolution intérieure, et par conséquent extérieure, est-elle envisageable ?
  • Avoir une véritable perception de ce qui est, permet d’agir sur la situation, mais si vous observez ce qui est à la lumière de toute une série de conclusions, d’opinions, de jugements, de formules toutes faites, vous ne comprendrez jamais ce qui est.
  • La pensée a suscité des divisions entre les hommes, entretenues par leur nationalisme, leur clivages linguistiques, culturels…et pourtant elle est source de savoir, grâce à quoi elle maintient les hommes séparés. Il est nécessaire d’observer les faits, sans passer par la pensée, les mots, les images, le temps (l’espace entre l’image et vous). A l’instant même où l’attention est mobilisée, le mécanisme de la pensée, le conditionnement disparaît, tout cette élaboration d’images cesse. Cette attention mobilisée peut perdurer, si on invite le temps.
  • Il faut donc percevoir, agir et s’en tenir là ;  et puis recommencer de sorte que chaque fois, l’esprit, le cerveau, les cellules soient pleins de fraîcheur, et non pas encombrés de perceptions d’hier.
  • Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que la mort ?
  • Nous sommes responsables de la société dans laquelle nous vivons, nous l’avons créée, à l’image de nos propres projections, comme la société, nous sommes divisés, en guerre, en conflit, à l’intérieur de nous. Je ne peux pas voir l’existence dans toute sa complexité en regardant par un petit trou que j’appelle l’intellect, car l’intellect n’est qu’un fragment, qu’une partie du tout. Cette qualité d’observation n’existe que si l’observateur est absent :
  • Arriver à regarder l’arbre, sans une image préalable, intermédiaire, alors on peut le faire avec n’importe quoi. L’image est fabriquée par l’observateur, à travers les prismes de la tradition.
  • Observer « ce qui est » sans la présence du censeur, de l’observateur, alors   « ce qui est «  fait l’objet d’une transformation.
  • Si l’amour est lié au plaisir, alors, la pensée intervient « je veux revivre cela demain ! »,  c’est la pensée qui peut renforcer et prolonger le plaisir. Essayons de comprendre ce que l’amour n’est pas : possession, dépendance, peur, jalousie, haine, désir…
  • La fin du connu, suscite la peur, la disparition définitive du connu effraie. Le connu est tout votre capital de souvenirs, de soucis, de conflits, de chagrins, les meubles, la maison… si vous mourez totalement à tout cela, de sorte que votre esprit retrouve une fraîcheur totale : voilà ce que mourir veut dire.
  • En finir chaque jour avec chaque forme d’accumulation. Sans cela, sans l’amour,  sans la compréhension de la beauté de cette mort là, vous aurez beau faire, sans cela, jamais vous ne vous approcherez de cette chose que nul ne peut nommer.
  • L’amour est cette qualité de l’esprit (le cœur, le cerveau) d’où toute division est exclue, ce qui signifie qu’aucune fragmentation n’existe plus au fond de soi. Apprenez tout ce que vous avez appris, aujourd’hui, et mourez à ce savoir, de telle sorte que demain votre esprit soit neuf. Sinon, vous continuerez à porter demain le fardeau d’aujourd’hui, et vous perpétuerez la peur.
  • Prenez fin chaque jour ; mourez et vous connaîtrez la beauté de la vie, la splendeur de la vérité. Vous n’aurez plus rien à apprendre de quiconque, parce que vous apprendrez dans le véritable sens du terme.
  • Comment l’esprit peut faire silence ?
  • La méditation n’est pas une chose figée, chacun doit trouver par lui-même,  car la vérité ne s’obtient pas par personne interposée, ni par l’addition répétée d’une suite d’indices.  Personne ne peut rien vous apprendre sur vous, si ce n’est vous-même, sans condamner, ni justifier, juste être attentif à la façon dont vous parlez, dont vous marchez, aux mots que vous employez, à vos intentions, en faisant preuve de vigilance, dénuée de choix. On doit se regarder comme si c’était la première fois, d’où la nécessité de ne rien stocker, alors, ce type d’observation est dénué de conflit. Un esprit désordonné ne peut comprendre ce qu’est la méditation, l’ordre est indispensable. L’ordre est quelque chose de vivant, dénué de projet prédéterminé. L’ordre réside dans la compréhension du désordre.
  • Observez, sans rien nier, ni justifier, votre désordre, vos contradictions, vous êtes peureux, envieux, perpétuellement en conflit, en lutte.
  • Apprenez à connaître votre désordre,  et vous verrez qu’à partir de cela éclot un ordre extraordinairement harmonieux, plein de vigueur, plein de vie. Vous devez consacrer votre vie à comprendre votre propre vie, et pour cela soyez attentif à votre vie. Faire preuve d’attention, oublier, et, recommencer.
  • Quand vous êtes dans un état d’inattention, il y a conflit. L’esprit n’est pas calme, il n’arrête pas de bavarder. Essayez d’arrêter le bavardage et il y aura conflit « il faut que j’arrête cela »… trouvez donc pourquoi votre esprit bavarde, cherchez la raison, comprenez la.  Que se passerait- il si votre esprit arrêtait de bavarder, il se retrouverait face au vide, la peur de la solitude. Si vous explorez la solitude jusque dans ses profondeurs, sans essayer de la dissimuler, ni de la fuir, mais que vous l’observez simplement, vous vous apercevrez que face au vide, votre esprit se trouve complètement seul.
  • La solitude n’est autre que cette activité égocentrique. Or c’est justement cette activité égocentrique qui isole, d’où ce sentiment de solitude abominable, effrayante qui vous étreint. Quand vous aurez compris cela, au lieu de vous « sentir » seul, vous « êtes » seul, tout simplement !
  • C’est de cette solitude qu’émerge une qualité de silence qui n’est pas le fruit d’une pratique. Et qui n’est pas non plus l’opposé du bruit. Ce silence est sans cause, il n’a donc ni commencement ni fin. Un tel esprit est imprégné d’un ordre absolu ; il est complètement seul, et par conséquent, innocent. Il ne peut jamais être blessé. Aucun mot ne peut décrire ce merveilleux silence, si l’on décrit, alors les mots trahissent la chose.
  • Si vous êtes parvenu jusque-là, alors vous êtes éveillés, vous n’êtes plus en quête de rien, vous êtes une lumière, et là sont le commencement et la fin de toute méditation. Quand l’esprit est silencieux, le corps devient tout à fait immobile, c’est parce que l’esprit est silencieux que le corps s’immobilise, et pas l’inverse.
  • Comment voir en face et le monde et soi-même ?
  • Ne répétez jamais ce que vous ne comprenez pas,  de façon logique et sensée, alors vous serez confronté  au réel à « ce qui est », à vous-même. Les images, les formules, les concepts, les croyances, sont facteurs de division entre les hommes. C’est la raison essentielles à la base des conflits internes et externes entre les hommes.
  • Vous m’avez insulté, ou flatté. Je me fais une image de celui qui m’a insulté, et je n’aime pas cette image, par contre, j’aime l’image du flatteur. L’image s’est formée immédiatement. Pour ne jamais se forger d’image, à propos de qui que ce soit ou de quoi que ce soit,  il suffit d’être totalement attentif à l’instant même de l’événement, il n’y a alors pas de trace de formation d’images. Ce type d’attention implique l’absence de tout observateur, de tout censeur qui vienne dire « j’aime, je n’aime pas ; c’est juste… »
  • Etre attentif, c’est être conscient  sans limitation liée aux préférences, aux aversions, aux condamnations, aux justifications, sans aucun but, sans préférence, sans choix, de manière à voir vraiment l’intégralité de la chose, à en avoir une appréhension globale.
  •  Il en va de même pour l’écoute, être pleinement dans l’écoute, attentif, concentré, alors l’esprit devient libre.
  • La liberté c’est une vision lucide, pure, sans distorsion des choses. La compréhension non verbale et non intellectuelle est indispensable. Comprendre avec son cœur,  son cerveau, sans mettre des mots.
  • L’esprit peut-il être profondément libre ? La véritable liberté consiste à regarder « ce qui est » et à le transcender. L’esprit, le cerveau est constamment en recherche d’ordre, car l’ordre rassure, en lui est la sécurité. Plus l’ordre est précis, plus grande est la capacité de l’esprit à fonctionner. Comprendre le désordre nous conduira à l’ordre.
  •  Comprendre le désordre dans sa propre vie, y faire face, sans chercher à fuir, à le masquer, à le contenir, juste l’observer, alors, il en ressort un extraordinaire sentiment d’ordre, qui n’est autre que la vie en marche, en mouvement. C’est à vous,  pas à votre entourage qu’il incombe de changer, personne d’autre que vous ne peut le faire. Car vous êtes le monde et le monde c’est vous. Vous seul pouvez le faire, et personne d’autre. Vous observer, sans  nommer, ni condamner, ni justifier les faits observés. Observer, c’est tout.
  • De cette observation naît la JOIE, que l’on ne peut en aucun cas solliciter. Vous devez faire face seul car l’esprit libre est seul. Le privilège d’échapper à toute blessure n’appartient qu’à l’ ESPRIT SEUL et LIBRE.

 

  •  CF : phénoménologie, Husserl, en analysant, chacun projette une partie de sa conscience, elle est différente pour chacun de nous, or, chaque phénomène est unique.

 http://www.orthophoniste-sophro.fr/la-sophrologie/definitions.html?start=1